À l'aube de ma vie professionnelle en 1996, tandis que je parcourais les couloirs de l'institut de formation en soins infirmiers à Salon-de-Provence, une graine insoupçonnée était semée au plus profond de moi.
Cette graine, discrète mais prometteuse, s'est nourrie au fil du temps d'un module optionnel sur la douleur, pour finalement éclore et tisser des ponts entre mon métier d'infirmière et une vocation plus vaste : celle d'apporter bien-être et apaisement à travers les massages.
Ce module, prélude à une formation sur les soins palliatifs, ouvrit une porte insoupçonnée. Des intervenants évoquaient un art ancien et universel, celui du massage relaxation, présenté comme une clé précieuse pour atténuer la douleur. Ils parlaient d'une approche holistique où l'anatomie rencontrait l'émotionnel, et où le spirituel illuminait le soin. Curieuse et avide de mettre en pratique ces enseignements, j'ai commencé à m'exercer. Mes amis, mes collègues étudiants, puis un cercle grandissant de "cobayes" séduits par le bouche-à-oreille m'ont offert leur confiance. À travers leurs retours, j'ai affiné mes gestes, appris à écouter autrement, à percevoir ce qui échappe au regard.
Le jour où un massage changea tout
Parmi les moments qui ont jalonné mon parcours, il en est un qui brille comme une étoile dans mon ciel intérieur. Lors d'un stage en soins palliatifs, j'ai rencontré un patient en fin de vie, prisonnier de douleurs osseuses métastatiques. La morphine, insuffisante pour le soulager, laissait place à une souffrance omniprésente, et son caractère, âpre et blessé, éloignait le personnel soignant. Ce jour-là, mue par une intuition naissante et une patience infinie, j'ai proposé un massage.
Ce fut un instant suspendu : cet homme, jusque-là fermé à tout contact, se laissa apprivoiser par la douceur de mes mains. Pour la première fois depuis longtemps, il se leva de lui-même, fit sa toilette sans aide ni injection de morphine, et offrit un sourire inattendu.
Ce moment, d'une simplicité bouleversante, a cristallisé en moi une conviction : le massage a le pouvoir de réconcilier le corps et l'âme.
Entre science et intuition : un chemin d’évolution
Durant mes années d'infirmière, que ce soit en réanimation, en psychiatrie ou en salle de réveil, j'ai souvent intégré le massage dans mes soins, chaque fois que cela était possible. Pourtant, ce n'est qu'après un burn-out en 2011, alors que je travaillais en milieu pénitentiaire dans des conditions d'une grande dureté, que j'ai amorcé une véritable renaissance. Ce passage douloureux m'a poussée à revoir mon équilibre et à entreprendre un chemin de reconstruction personnelle.
Portée par un profond désir d'évolution, je me suis formée à diverses disciplines : les thérapies familiales et systémiques, la pédagogie de la gestion mentale, l'hypnose Ericksonienne, le magnétisme, et bien sûr, des techniques avancées de massage.
Parmi elles, le "Massage des 5 Continents" a marqué une étape majeure, enrichissant mon approche d'outils tels que l'olfactothérapie, la sonothérapie ou encore l'EFT.
Aujourd'hui, forte de ce savoir-faire et de cet être-accompli, je transmets à mon tour cet art du toucher bienveillant, en formant des praticiens désireux de perpétuer cette chaîne humaine du bien-être.
Trouver son ikigaï
Les Japonais parlent d'"ikigaï", cette raison d'être qui donne un sens profond à nos journées. Pour moi, cet ikigaï réside dans l'alchimie entre mes gestes, mon cœur et les énergies que je partage.
Chaque massage, chaque formation que je dispense, est une pierre que j'ajoute à l'édifice du bien-être collectif. Offrir ce que j'ai appris et vécu me comble d'une joie immense, car je sais que chaque geste, chaque mot peut semer une graine de transformation chez autrui.
Une toile de lumière
Dans mes massages, je ne fais pas que poser mes mains : je tisse une toile de soin, faite de respect, d'empathie et d'harmonie.
Mon parcours, riche d'apprentissages et de rencontres, est une ode à la résilience et à la transmission. Comme le disait si justement Antoine de Saint-Exupéry : « L'essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu'avec le cœur. »
C'est avec cette vision que je poursuis mon chemin, portée par le souffle de chaque personne que j'accompagne et de chaque praticien que je forme. Un chemin qui, je le sais, ne fait que commencer.